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 MAKE IT RAIN

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REX
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MessageSujet: MAKE IT RAIN   MAKE IT RAIN Icon_minitimeSam 30 Mai - 19:16




Elle tombe. Elle ne fait que cela, tomber comme une martyr, tomber encore, au point de s’effondrer contre le sol, incapable de se relever. Elle tombe, comme les étoiles dégringolent du ciel lorsque le soleil nait, comme les pétales ne sont que cadavres sur les pavés, tandis que le froid frappe.
La pluie, elle tombe.
Une douce caresse d’abord, presque légère, presque absence, comme un souffle de vie, un sourire à peine vivant. Et puis, elle frappe brusquement, un cauchemar secouant le moindre de ses membres. Elle frappe et elle hurle, si fort, si vivement que mon corps reste là, sans mouvement, et mes yeux, mes yeux eux, si grands, si ouverts que je ne vois plus rien, au final, de ce pauvre monde. Il est peint à coup de couteau et chaque ligne devient floue par une autre, le monde change d’image et le souffle se stoppe un peu, trop vif, entre mes lèvres.
J’observe. Là, devant moi, dans cette voiture trop froide par l’air climatisé, j’observe ce monde mal dessiné et je pince mes lèvres, incapable de soutenir une pareille vision, incapable de supporter une vue si semblable à l’intérieur de mon être.
Le regard pleure sur mon jeans et mes doigts se serrent, craintifs et enfantins, contre le volant. Il faut un instant. Une certaine seconde ou alors peut-être plus, je ne sais réellement. Mais il faut un temps, tout au moins, avant que la porte ne s’ouvre et que je sorte de cette cellule trop fraiche alors que dehors, le monde est imparfait.
Aussi imparfait que je puisse l’être, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Le monde se dépeint et contre mes vêtements, ses saletés collent à mes habits et à ma peau, frottant contre ma chair si fragile et allumant, je sais sans voir, des rongeurs et des douleurs sur ces plaies que j’ai tenté un nombre incalculable de fois d’oublier.
Et je ne sais, à cet instant, où je vais. Le décor défile sans se stopper et mes yeux se perdent contre le bitume pourri. Le froid s’agrippe à mes os, les grignote délicatement, comme un cabot affamé dégustant ce dernier repas avant la mort, l’euthanasie.
Est-ce la mienne ? Non.
Il y a bien longtemps que j’ai compris cela.
Je ne suis pas doué pour mourir. Je ne fais qu’échouer lamentablement à chaque fois, et la mort, par ses flèches perdues, ne peut que toucher ceux qui m’entourent ainsi que mes membres déjà pourris jusqu’au moindre grain de chair et d’os.
Elle tombe toujours. Toujours avec cette force, cette intensité si brusque que j’en perds la vue des rues, celle des piétons et des endroits tout autour de moi. Et pourtant.
Pourtant, il a cette porte, là, d’une couleur certainement jaunâtre mais qui semble cœur, pourtant. Cette porte où découle la pluie sans cesser sa course et je m’y avance, je m’y avance sans réellement réfléchir, ne sentant que le tissu lourd et douloureux de mon jeans, contre mes cuisses. Je sens ces cicatrices malsaines qui enflent et ricanent, je les sens heureuse de la place qu’elles prennent en plus sur ma chair, sur mon âme, et peut-être en colère contre une pareille chose, j’essaie d’ouvrir cette porte canari, incapable de le faire, avant de cogner contre la porte, le poing fermé, le poing verrouillé, de toute mes forces.
L’eau du ciel chante haut tout autour mais j’entends le bruit de mes coups, comme je sens la douleur de mes doigts. Mes dents sont douloureuses, car je les serre avec cette force presque maudite, tandis que mon cœur, perdu quelque part à l’intérieur de moi, frappe encore plus fort si cela est possible.
Car je sais, oui. Je sais où je suis, même si je ne peux lire ce qui est écrit, au-dessus de ma tête.
Je sais, j’ose croire, qui se trouve peut-être derrière cette porte close, dans ce magasin fermé.
Peut-être est-ce pour cela que, sur ma tête, se trouve une capuche dissimulant le moindre de mes traits. Car une part de moi, minime mais trop grande, je le sais bien, tremble à l’idée de revoir ce visage, pas un autre, mais celui-ci, après trop de jours, de mois, d’années.
Ou peut-être, oui, peut-être est-ce aussi cette peur de ne pas le voir, de ne pas en avoir la possibilité, car au contraire de moi, il a été assez doué pour mourir et que le monde, depuis, ne fait que mourir un peu plus fort, et pleurer, comme à cet instant, toute la tristesse qu’il porte sur ses épaules.
Si tel est le cas, je comprendrais, oui, je crois, pourquoi la pluie est si forte. Peut-être même irais-je pleurer avec elle, pour des mots que je n’ai su penser, ou alors même croire.
Mais pour le moment, je me contente de frapper à cette porte, armé de cette force tremblante.
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