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 rex ▲ in memoriam

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STACY-JEANNE
STACY-JEANNE

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Date d'inscription : 04/07/2015



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MessageSujet: rex ▲ in memoriam   rex ▲ in memoriam Icon_minitimeLun 6 Juil - 21:55

Il fait chaud, un peu, ce soir. Tu n'aimes pas trop ça, la chaleur. Tu n'es plus vraiment habituée à ce genre de choses. Tu préfères le frais d'une montagne qui offre ses courbes au vent, le cri effroyable de la neige dans tes cheveux mal attachés. Le froid sait esquisser la liberté, lui. Tu cherches un courant d'air, mais tu as peur que toutes tes babioles s'envolent. La moitié des fenêtres sont déjà en sale état le reste du temps, et la porte presque toujours ouverte... Tes pauvres bouquins ont besoin d'un peu de repos, parfois, ou de quelque chose qui y ressemble.

Tu abandonnes le moelleux de ton fauteuil. Inlassablement, la vitrine t'appelle. Tu fais souvent ça quand tu t'ennuies. T'appuyer le front contre le verre et regarder les gens qui passent, un par un, goutte à goutte. Seul à seul. New-York est la ville des grands solitaires, tu en es persuadée. Non, tu le sais. C'est une ville un peu triste qui sent fort le salé des larmes, le goût amer d'un passé bien trop terne, bien trop terrifiant. Quel enfer que ces sombres buildings.

Pour oublier comme cette ville te fait mal dans le cœur, tu ne sors plus de ta boutique, ton petit boui-boui à toi. Tu t'es retrouvée là tu ne sais pas trop comment, il y a bien six mois, maintenant. Quatre pans de murs prêts à s'écrouler entre deux restaurants un peu moisis. Tu as tout retaper de tes petites mains fragiles, le jour, en travaillant la nuit pour pouvoir payer tout ça.

Tu te noies un peu sous les dettes, pour le moment, mais tu commences à entrevoir ce petit bout de rien du tout que les autres appellent bonheur.

Tu enjambes deux ou trois vieilleries, et te cognes la hanche contre une bétonneuse rouillée que tu as trouvé sur un chantier abandonné. Dedans, tu y a mis plein de bonbons de toutes les couleurs pour que les gens qui passent puissent se servir. Tu en prends un vert et un bleu que tu laisses fondre sur ta langue. Tu souris comme une enfant.

La vitre est fraîche contre ton front, ça te fait du bien. Tu gardes les yeux fermés un instant avant de les rouvrir. La rue est drôle à cette heure-ci, quand le soleil n'est pas encore tout à fait mort de ce jour, mais que déjà les lampadaires se mettent à danser. Les lumières vrillent, se font une valses entre les ombres des passants.

Cette gamine avec son pantalon tout troué, là, elle n'a rien à voir avec ce grand type aux cheveux mal peignés, tout transpirant dans son costume trois pièces qui le boudine. Ils viennent de deux mondes, deux univers différents. Pourtant, à cet instant précis, à cette seconde même, ils se croisent, et déjà, ils ne se souviennent plus l'un de l'autre alors qu'ils sont tout juste dos à dos.

Et cette femme, avec son cadis. L'autre type, qui en arrosant ses fleurs, fait tomber de l'eau sur les clients du petit bar d'en face. L'enfant qui voudrait sortir de sa poussette, le vieil homme qui voudrait s'asseoir. Tous ces gens ont leur petite place dérisoire dans ton cœur de grande solitaire malhabile. C'est ton petit théâtre à toi, rien qu'à toi, rien que pour tes yeux. Un théâtre multicolore.

Le vert des mauvaises herbes, le bleu du ciel, le violet des cheveux de la mamie là-bas, le rouge des tables, le orange de ce pull. Le jaune de.

Le jaune de cette auto qui t'accroche l’œil, juste comme ça, comme si de rien n'était. Au début, ce n'est rien, rien qu'une auto parmi toutes les autres. Puis dans ta tête, il y a ce petit bout de mémoire qui se met en branle, celui que tu avais voulu fondre dans la masse pour l'oublier tout à fait. De ce genre de souvenir qu'on ne sait oublier tout à fait. Parce qu'une si jolie voiture d'un si joli jaune, ça ne s'oublie pas.

Ton cocon explose en mille milliards de morceaux.

Tu as peur de perdre le peu de stabilité que tu avais réussi à acquérir en t'installant ici, loin de tous tes vieux souvenirs, ceux teintés de gris sombre et de noir seulement. Et recommence la lente litanie composée d'un simple nom qui se répète, inlassablement.

Ça fait mal au cœur, tout de même, d'un coup. Puis cette idée, cette drôle d'idée qui fait de l'ombre à toute la clarté dans ta tête. Que faire s'il passe le pas de cette porte ? Quelle réaction lui offrir. Non. Ce n'est pas possible. Il ne sert à rien d'imaginer des folies, Stacy, tu n le sais que trop bien.

Après tout, si ça se trouve, ce n'est même pas son auto.
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REX
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MessageSujet: Re: rex ▲ in memoriam   rex ▲ in memoriam Icon_minitimeLun 6 Juil - 22:30

Ils sont là. Tous et chacun, trop présents, sans réel nom mais tout au moins évidents. Ils sont là. Ils dansent comme peuvent le faire une colonie de fourmi envahie par la pluie, comme peuvent le faire des animaux cachés par le feu. Trop présent, la tête dans les nuages mais le corps bien trop solide devant moi, bloquant tout contact avec le simple repos, avec un respire plus léger que celui qui me prend.
Mes poumons se compressent et j’essaie d’inspirer, mais il n’y a que le lourd brouillard d’essence, de gaz et de toutes ces merdes qui se glisse dans mes narines et ma bouche, tente de glisser dans mes poumons.
J’essaie de stopper mon souffle pour ne pas y goûter, mais il est déjà partout sur le bout de ma langue, ce goût ignoble, cette crasse toxique.
Poumons verrouillées, pupilles fermées ; j’imagine l’air frais et un peu de silence, de vide total.
Un klaxon résonne et mes yeux s’ouvrent. Dans les véhicules avant, les gens s’insultent, se pointent du doigt, du mauvais doigt, et grognent plus fort les uns les autres. Mes lèvres se plissent et j’éteins la radio.
De toute manière, je ne l’entends même plus. Les gens sont trop bêtes, la bétise leur sort par tous les trous et surtout par la bouche. Ils dégoulinent si fort de conneries que nous voilà pris dans la rue, incapable de bouger, tous si pressé de rentrer, incapable de le faire avant plusieurs heures.
Lamentable.
Mon coude se pose contre la portière, fenêtre baissée. J’observe, les sourcils froncés, l’homme se trouvant voisin de mon bolide. Crâne dégarni et un brin de salade entre les dents, il s’observe d’une manière insistante dans la glace de son rétroviseur, le gilet humide de sueur.
En somme ; tout pour me dégoûter de la race humaine.
Mes sourcils se froncent un peu plus et la voiture avance un peu. Un peu ; peut-être est-ce mon imagination. Au loin, je peux voir le feu de circulation être au vert, mais le mouvement reste absent. Un grincement de pneu se fait entendre, un autre, suivi d’un grincement de pneu contre le bitume et un fracas. Les dents se serrent pour retenir la colère qui suinte de mon âme et, fermant les yeux une seconde, je finis par retirer le contact.
La porte s’ouvre tandis que je sors du véhicule, peu certain d’y attendre une heure de plus le temps que la police s’occupe des idiots et de leur accident à la con. Une nuisance – un idiot dans la vingtaine – sort la tête de sa voiture pour m’insulter, mais je me contente de le dévisager légèrement sans réellement y prêter attention. Qu’importe si dans les prochaines minutes ma présence de tête lui manque, je préfère encore me dégourdir les jambes quelques secondes.
L’une d’elle hurle si fort que je n’entends plus ces cons, tout autour de moi. Elle bloque même, me faisant boiter plus fort, me donnant l’air d’un homme de bois. Mes articulations craquent, menacent de flancher mais restent tout au moins intacts ; j’inspire avec soulagement, comme si j’avais peur de m’effondrer à chaque instant. Peut-être est-ce le cas. La mort, elle est comme une ombre. Et lorsque la nuit tombe, elle est partout, elle ne disparaît pas.  
La prunelle s’égare et les pensées restent dans les profondeurs ; mon corps quant à lui, pénètre une boutique sans que j’en observe l’enseigne. Je n’en ai rien à faire, de toute manière. J’ai perdu l’espoir depuis longtemps, et celui de trouver une occupation digne de ce nom n’est que fantôme. Je vagabonde, voilà tout.
C’est l’odeur qui frappe d’abord. Contraste avec cette puanteur ambiante, elle est douce, presque lourde mais légère pourtant. Celle des livres et des souvenirs, comme un souffle sur le cœur, comme un voile léger mais peu transparent, de ceux qui font plisser des yeux, mais pas totalement. Le pas cesse et la jambe, plus lourde et forte, se dépose lourdement contre le bois. Une partie de mon corps s’est effondré ; c’est ce qu’elle fait à chaque fois.
L’œil, lui, ne voit que des décombres.
- ce trou à rat... ( puis, plus fort ) il y a quelqu’un ?
J’observe entre livres et étrangetés, dévisage les nouveautés, avant de me tourner un peu, cherchant les heures d’ouverture sans réellement trouver.

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MessageSujet: Re: rex ▲ in memoriam   rex ▲ in memoriam Icon_minitimeMar 7 Juil - 6:56

Tu en as bien assez, des souvenirs à t'en faire exploser la mâchoire et le reste du crane avec. Des trucs que tu voudrais être capable de massacrer à coups de piolet, sans pitié, sans tendresse. Des trucs qui prennent toute la place dans ton cœur, ne laissant même plus un minuscule espace pour tout le reste.

Chaque matin, au réveil, ta tête se perd dans un nuage et tu passes le reste du jour à tenter de le faire mourir, au moins un petit peu.

T'es pas très douée pour faire mourir les choses qui prennent trop de place en toi. Alors tu te peins un joli sourire sur les joues et tu fais de ta journée un imitation un peu triste de la veille. C'est pas bien glorieux, comme vie, mais ça vaut ce que ça vaut.

Pas bien glorieux, mais surtout pas bien solide. Le genre de vie qui éclate en mille morceaux de verre beaucoup trop fragile dès lors qu'un imprévu choisit de faire son entrée en scène. Ainsi, à l'instant exact où tu as le front collé contre cette vitrine fraiche et que le carillon des trois petites clochettes résonnent dans tout ton barda. Au début, ce n'est pas si inquiétant que cela, parce qu'après tout, c'est pareil tous les jours, ce n'est rien de nouveau. C'est après que ça te fait bizarre.

Quand sa voix te transperce rigoureusement le cœur.

Parce que le jaune de son auto, ça ne devait rien être d'autre qu'une coïncidence un peu fourbe, un détail un peu amer. C'est plus juste un détail, là ; c'est ton monde qui s'écroule. Chaque petite parcelle de ta vie mal reconstruite qui s'envole, un puzzle mal réalisé qui vole en éclat.

Parce que sa voix est aussi grave qu'avant, aussi douce qu'avant.

C'est cela être damné ? Être incapable de se sauver même avec les plus terribles efforts qu'on se sent capable de faire ? Même après avoir senti la mort à l'intérieur derrière les murs d'un hôpital qui ne sait pas soigner les gens ? La vie n'est pas clémente avec les damnés. Triste engeance.

Tu ne bouges pas, comme paralysée par sa simple présence. Rien qu'à être présent, il est trop présent, Rex. C'est terrifiant pour ton âme encore un peu faible, ton esprit pas encore bien remis de la lente maladie, terrible agonie.

Tu tentes de te calmer alors. Le front contre ta vitrine, devenu brûlante en quelques bouts de secondes, tu souffles, le plus doucement possible. Inspirer. Expirer. Se concentrer sur sa respiration pour oublier le reste. Pour oublier les tremblements, la peur et la souffrance, les souvenirs, la violence de la mémoire. Oublier Rex, Rex tout entier, avec sa voix en velour et son automobile jaune.

Oublier que malgré le petit bout de bonheur, derrière cette vitre le monde va mal.

Et répondre quand ça va un peu mieux, sans bouger pour autant. Tu dis, et c'est presque un murmure, tu ne sais guère comment il fait lui pour t'entendre.

« Que... Que puis-je pour vous ? »

Tu aurais voulu qu'il soit assuré ton murmure. C'est un peu raté. T'es plus très douée pour l'assurance. Il va te falloir un peu de temps pour te réhabituer.
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REX
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MessageSujet: Re: rex ▲ in memoriam   rex ▲ in memoriam Icon_minitimeSam 2 Juil - 17:53


C'est un infini, un milieu sans fin sans fond, une marre qui s'égare au travers de mes prunelles. J'observe sans réellement voir, perdu au travers de cet amas de livres. Le souffle manque, à mes lèvres ; je vois tout sans rien voir, là, au milieu de cette foule de murmures. J'entends tout;  les marmonnements prisonniers entre les pages, mais surtout, je ressens.
Je ressens le lourd poids contre ma poitrine, celui-là même que je ressens chaque jour, chaque seconde, sous le poids de certains regards. Les livres n'ont pas de prunelle, pour me fixer. Ils ont cet âme, pourtant, trop lourde pour mes genoux écorchés. Je les sens, là, comme l'humidité des journées pleureuses, si pleines de larmes que je reste souvent là, sans mouvement, assis sur mon tabouret, un pinceau à la main.
Mais la vérité
La vérité, c'est que même mes doigts, ces jours là, ne peuvent faire le moindre mouvement. Ils hurlent d'un ton lourd une douleur qui ne porte pas de nom, car les mots sont trop légers pour une douleur si pesante.
je meurs, à petit feu, un peu comme à cet instant.
Le regard reste là, sur les milieux de livres qui, tant présents, me grugent les yeux ; j'ai besoin de lunettes, je peux le sentir au travers du flou océanique qui danse, là, dans cet obscurité ambiante.
Seuls mes genoux craquelés m'empêchent le moindre mouvement.
J'étouffe dans le flou des marées, de mes yeux, et dans la lourdeur de ce lieu, trop porté d'émotions pour mon coeur de naufragé.
« Que... Que puis-je pour vous ? »
Le sursaut est minime ; je le garde pour moi, le garde au fond de mon être, comme toutes ces choses qui m'habitent, comme toutes ces choses qui sont là, captives des ténèbres, incapable d'être sauvés.
Le lourd poids de mon être m'essouffle un temps avant que je ne cherche du regard, puis la voit.
La voit, sans réellement la voir. Elle est là, immobile, et de ses cheveux mêlées et sombres, j'y devine une connaissance enfouie dans les obscures ou je n'ose plus me perdre.
Le regard se dévie ; le souvenir m'effleure à peine que je suis déjà ailleurs ; lorsque l'on croit voir un fantôme, il vaut mieux regarder dans une autre direction.
- du café. vous en avez ?
J'avance au travers des pas, juste assez pour aller plus loin, juste assez pour m'éloigner du fantôme qu'elle peut être. Des vagues me frappent ; ceux des livres, infinis, et j'ai vertige dans ma tête, dans mon être.
Ils restent encrés au sol, les pieds.
Et la voix, elle gronde. Gronde si fort.
- Il empeste, votre bazar.
Dehors, les choses ont bougés. J'entends les hurlements des bagnoles, les cris des gens, et ma voiture, je peux l'imaginer, là, au milieu du bordel, en créant un nouveau.
Qu'importe.
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